Destiné, à l’origine pour le grand public, le FTTH est également proposé aux entreprises qui souhaitent bénéficier d’un accès très haut débit. Certains opérateurs estiment que cette offre ne correspond pas aux besoins des entreprises.

La fibre optique est, depuis plusieurs années, poussée par les opérateurs auprès du grand public et des entreprises. Le FTTH (fiber to the home), l’une des technologies de déploiement d’infrastructure très haut débit fixe est appelée à remplacer, dans un futur proche, la connectivité ADSL.

Les opérateurs mettent en avant une vitesse de connexion à des années-lumière de l’ADSL ou du SDSL. Là où une connexion internet dispensée depuis un réseau cuivre atteint, au maximum 30 Mbit/s, la fibre optique franchit les 100 Mbit/s et permet un débit montant symétrique.

Les toutes dernières évolutions technologiques devraient permettre aux connexions FTTH de dépasser 1 Gbit/s. « Il n’y a que la fibre qui puisse fournir du très haut débit. Elle ne subit aucune perte de signal », explique Yann Begassat, directeur technologique chez Nokia Network France. 

 

Le FTTH, pas pour toutes les entreprises

D’où, sans doute, le fait que pour certains acteurs du marché comme Orange, le FTTH constitue, pour les entreprises, une option tout à fait acceptable. « Les entreprises peuvent tout à fait y souscrire. Entre 25 et 30% sont éligibles à cette technologie sur le territoire national », explique Géraldine Steinberg, directrice marketing, stratégie et innovation chez Orange Business Services.

Bertrand Lemoine, patron de Nerim estime, de son côté que toutes les entreprises ne peuvent pas souscrire aux offres de ce type. « Une entreprises qui travaille sur une maquette numérique partagée par d’autres collègues répartis sur trois continents n’a pas du tout les mêmes besoins qu’une structure qui s’appuiera sur cette connexion pour envoyer des emails », tempère le responsable.

En clair, le FTTH peut tout à faire convenir à une entreprise d’une dizaine de salariés, mono-site, ou à un salarié indépendant dès lors qu’il s’agit d’utiliser des solutions peu critiques ou peu impactées par une latence légèrement supérieure à une connexion dédiée (FTTO, nous y reviendrons dans un autre volet de ce dossier).

Pour autant, sous l’impulsion de l’Arcep, l’organisme de régulation des télécoms, la qualité de service du FTTH doit être renforcée pour améliorer sa pénétration auprès des entreprises notamment. Orange Business Services va ainsi proposer parmi ses offres du FTTE -pour fiber to the enterprise- au cours du second semestre 2018. D’autres opérateurs vont commercialiser cette offre. Sur le plan technique, cette technologie de déploiement se différenciera peu du FTTH.

La connexion partira du NRO (nœud de raccordement opérateur) jusqu’au point de mutualisation. A partir de là, un câble sera déployé directement vers l’entreprise abonnée qui disposera d’une connexion dédiée. La connexion offrira une garantie de temps de rétablissement ainsi qu’un débit symétrique. Cette solution s’avérera avantageuse pour l’opérateur historique qui disposera d’une solution plus économique à déployer et plus intéressante financièrement pour les clients finaux. La solution sera moins onéreuse qu’une connexion dédiée.

Nicolas Guillaume, fondateur de Netalis, fait part de ses doutes quant à cette solution. « Comme Orange utilisera son réseau FTTH, si une armoire de rue venait à être vandalisée ou détruite, le GTR 4H sera impossible à tenir. En tant qu’alternatif, je me demande ce qu’il en sera de la qualité de service. En ce qui me concerne, j’ai de sérieux doutes quant à la capacité de l’opérateur historique à tenir ce type d’engagement ». 

Encore plus radical, pour le responsable, le FTTH, pas plus que le FFTB (fiber to the building, où la fibre s'arrête en bas de l'immeuble) ne répond pas du tout aux besoins des entreprises : « Le débit maximum est théorique et pas garanti, il n’y a aucune garantie de temps de rétablissement de service (GTR). Ce type de connexion peut être adaptée pour des indépendants ou des TPE. En tous cas, il vaut mieux opter pour une connexion de secours ». C'est à dire doubler son accès avec de l'ADSL ou de la 4G.

Le FTTB n’a pas plus de grâce aux yeux de l’opérateur bourguignon. La fibre, déployée jusqu’au pied de l’immeuble, s’achève par une connexion en cuivre ou un câble coaxial. Cette configuration s’est trouvée, pendant plusieurs mois, au centre d’une bataille entre Orange et SFR, le premier accusant le second de ne pas commercialiser une « vraie » fibre mais de présenter son offre comme telle. Même si les débits du FTTB restent inférieurs de plusieurs dizaines de Mbit/s à ceux du FTTH, le FTTB constitue toujours pour les entreprises aux besoins modestes en matière de connectivité, une offre plus qu’acceptable.

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