Un décret publié ce matin autorise les enquêteurs à accéder en temps réel, via des dispositifs techniques, keyloggers et autres mouchards, aux données saisies sur vos terminaux, mais aussi à la vidéo et au son.
Depuis
ce matin, la police peut espionner les conversations Skype. Ces
dispositions ont été introduites dans le code de procédure pénale par la
loi LOPPSI, en 2011. Le texte prévoyait que, « sur commission
rogatoire, les agents de polices judiciaires sont autorisés « à mettre
en place un dispositif technique ayant pour objet […] d'accéder, en tous
lieux, à des données informatiques, de les enregistrer, les conserver
et les transmettre, telles qu'elles s'affichent sur un écran pour
l'utilisateur d'un système de traitement automatisé de données ou telles
qu'il les y introduit par saisie de caractères ».
Elle a par la suite été renforcée via la loi relative à la lutte
anti-terroriste de novembre 2014. Cette dernière ajoutait à la liste des
données interceptables celles « reçues et émises par des périphériques
audiovisuels ». En d’autres termes, tout ce qui passe par le micro et la
caméra de l’utilisateur : une conversation vidéo sur Skype ou Facebook
Messenger, par exemple.
Un œil en permanence dans le trou de la serrure
Mais,
faute de décret d’application, cette disposition n’a jamais été
totalement opérationnelle. Les attentats de janvier et de novembre 2015
sont passés par là et l’exécutif en profite pour corriger le tir. Dans ce décret publié aujourd’hui au Journal Officiel,
enquêteurs de la police, de la gendarmerie nationale et de la douane
sont désormais en mesure de « collecter, enregistrer et conserver »
lesdites données informatiques.
La
procédure de collecte et de conservation est encadrée par un juge. A
l’époque, on ne pensait pas encore le contourner aussi allègrement
qu’avec une loi Renseignement… Mais les services de police peuvent
accéder à l’ensemble des données captées, y compris celles de tiers ou à
caractère personnel, professionnel, y compris des données critiques. On
attend donc une réaction de la Cnil, dont le dernier avis sur ce sujet
remonte au projet de décret, en avril dernier.
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